8.7.15

A. Kapoor à Versailles

J'ai lu sur son site qu'il considérait son travail sur le tapis vert comme un geste artistiquement violent. je suis fan de son travail en général. mais le travail qui a donné lieu à ces espaces architecturaux et paysagés sont saccagés par l'oeuvre : le gazon qui est une ligne, un aplat voulu entretenu. la terre en dessous est éventrée elle saigne, les monolithes semblent tombés épars et bouche la vue, que dire de la pyramide sang de bœuf (une référence organique pesante aux pyramides du louvres aérienne _ complices du pouvoir et de l'art mort et muséifié ?). la trompe de 60m elle meme est un geste graphique elle aurait pu intégrer et sublimer cette interminable et peut etre même épuisante perspective (qui a souvent fait mon désespoir tant les ballades se font interminables et ces espaces dominateurs, montre la face écrasante du pouvoir royal en contraste avec mes guiboles freles et fénéantes). elle aurait pu seule cette trompe exprimer la corne d'abondance ou un tromblon meurtrier ou tel une trompette protocolaire la voix tonitruante et brutale du pouvoir. l’installation du canon qui tire directement la chaire à canon, nous rappel l'horreur dont les puissants sont les artisans. mais malgré un discours artistique cohérent à mes yeux, l'oeuvre agresse et donne des leçons sans la subtilité d’œuvres in-situ, ambiguës et monumental qu'il a su mener dans d'autres contextes. un peu de peinture ou un tag, ou même une bosse sur la structure n'est pas selon mon gout dans ce cas précis un geste politique, ni tellement, violent.

L'oeuvre de monsieur Kapoor est agressive et brutal. 
le message est simple est pose une question complexe, elle veut débattre et elle vandalise, elle pour servir un discours, plus que n'importe quelle dégradation n'a le pouvoir d’interpeller. 
d'où la suspicion du coup médiatique. 
Ces questions je n'en ai rien lu bien sure mais ne sont elle pas un peu glissées dans ses commentaires à la presse ? 
La préservation d'un passé glorifié et transmis de génération en génération comme une fierté nationale (en couvrant d'un silence amnésique la mémoire de chaire des peuples) est elle légitime ? L'histoire des grands fonde-t elle une meilleure société que la mémoire des individualités et des vies sacrifiés ? 
Mais alors Mr Kapoor est-il pret à de tels travaux devant le tajmahal et les pyramides d'Egypte ? dans le Colisée ? Sur Big-Ben ? Et surtout y serait il mieux reçu ? Serait il seulement autorisé ?

La bienveillance et l'esprit critique français moi qui suis si peu chauvin m’apparaît au fil de l'écriture. En France je trouve le choc des opinions ferme et volubile. nous sommes lourds dans l'action, lent dans les reformes, nous semblons apathiques et friands de voir des polémiques un peu partout, on aime causer et se contredir... et cela est sain. La parole et le débat, la conversation quoi, la critique et la différence ont le droit de citer, à la brutalité et à l’intolérance la majorité des gens proclame fort un "non" ou un "moi aussi" solidaire de la victime. Ici l’énorme création contestataire de l'artiste Kapoor est encouragé par une mobilisation dantesque et des moyens faramineux, impossible de croire à un discours bienveillant, l'oeuvre est pensée et réalisée pour blesser : bienveillant c'est l'accueil que l'artiste reçoit, de la part des institutions et des finances publics, et du public lui même.

J'espère de tout mon coeur que Mr Kapoor ne se cachera pas derrière des discours sinueux et regrette que sur son site cette oeuvre soit moins présente en littérature que son opinion sur un acte vandalistick si peu monumental, qu'elle dérange moins que les souvenirs laissés en croûtes sur la plupart des bustes et cranes célèbres de pierre et de bronze de la capitale ... par les pigeons :)